
Les technologies numériques redessinent ou réinventent l’ensemble des métiers de l’immobilier. Petite immersion dans ce nouveau monde de la start-up immobilière, communément désigné sous le terme de proptech.
« Entre les données techniques, les données de consommation, les statistiques publiques et les mesures traduisant les usages des occupants, l’habitat est un vivier incroyable. Nous militons pour rendre toutes ces informations numériques intelligibles, avec, entre autres objectifs, d’améliorer l’organisation, de simplifier et de réduire les coûts de travaux, par exemple », indique Pierre Leroy, cofondateur de EP avec Yann Person. Ils se définissent comme « des passionnés de la data et de l’habitat, désireux de libérer, analyser et redistribuer les données pour révolutionner le marché de l’habitat et le rendre compréhensible par tous ses acteurs. » Les deux entrepreneurs, 42 ans pour le premier, 37 pour le second, sont passés par le conseil en amélioration énergétique de l’habitat. Ils ont notamment créé Izigloo, une plateforme permettant de « mieux connaître son logement et ses performances énergétiques, améliorer son habitat, réaliser des travaux, un déménagement ou encore réduire sa facture énergétique ».
La start-up EP, créée en 2007, rassemble aujourd’hui une cinquantaine de personnes et l’immeuble qu’elle occupe, Unik, construit à son initiative dans le Quartier de la création sur l’île de Nantes, est le « lieu totem de l’écosystème de la proptech nantaise » indique Pierre Leroy. Quelque 280 startuppers et startuppeuses travaillent là.
Bienvenue dans le BIM
Nombre de ces jeunes pousses vivaces collectent et exploitent les données numériques -les fameuses datas- pour offrir des solutions digitales aux entreprises de l’immobilier et du bâtiment. Bloc in Bloc a ainsi développé une application permettant de superposer, via une tablette et/ou des lunettes de réalité augmentée, la maquette numérique d’un bâtiment et l’ouvrage physique en lui-même. Bienvenue dans le Building information modeling (BIM), le processus utilisant la 3D pour permettre aux architectes, ingénieurs et autres professionnels de la construction de planifier, concevoir, construire et gérer plus efficacement bâtiments et infrastructures. « Les professionnels misent sur le BIM pour réduire les malfaçons de construction qui coûtent quinze milliards d’euros par an en France », précise Laurent Bartholomeus, dirigeant et co-fondateur de Bloc in Bloc.
Installés dans un autre coin de l’open space Unik, Théo Olivier, juriste de formation de 31 ans, et Louise Vialard, architecte de 29 ans, ont créé en mars 2017 Take a desk. Ils gèrent, depuis leurs ordinateurs, des espaces vacants d’entreprises. « Nous sommes, en quelque sorte, le Blablacar des bureaux. Des entreprises nous confient leurs espaces inutilisés et nous leur proposons de matcher avec des travailleurs affinitaires (start-up, associations, indépendants…) qui vont enrichir et développer leur écosystème business », explique Théo. Ils sont sept aujourd’hui à faire tourner la start-up, lauréate du Réseau Entreprendre, qui a eu à répondre à « 700 demandes en un an » et vaut désormais « un million d’euros ».
Désirs digitaux
Une récente enquête indiquait que 90 % des professionnels de l’immobilier aspiraient à travailler avec ces start-up du digital. Mais que seuls 24 % d’entre eux s’étaient pour l’instant lancés dans cette aventure numérique.
En 2017, le groupe Duval, un des importants acteurs de la promotion immobilière en France, publiait son livre blanc des 40 start-up de l’immobilier à suivre. « La France compte d’incroyables start-up qui ont la capacité de bouleverser l’immobilier de demain », écrivait en introduction Pauline Duval, la directrice générale du groupe.
« Notre métier est de construire des logements puis de les vendre. Ces start-up du numérique peuvent accompagner un promoteur dans les zones où il n’est pas forcément présent », commente Cédric Murat, directeur commercial national « logement » du groupe Duval. Certaines vont, par exemple, permettre à un acheteur potentiel de conforter son choix en proposant des visites virtuelles d’un appartement qui n’existe alors que sur le papier.
La start-up Habx.fr donne la possibilité à un futur acheteur de configurer son appartement neuf en fonction du nombre de pièces souhaitées, de la surface désirée, de ses envies d’espaces partagés…
Une plateforme comme MyNotary.fr va accompagner un acheteur dans toute la phase notariale de son projet d’acquisition.
Gestion de copropriétés, colocation, mise en relation de professionnels avec des particuliers, parkings partagés, recherche de capitaux… : en 2017, en France, quelque 400 start-up avaient d’ores et déjà investi le secteur de l’immobilier.
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