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«Bordeaux connaît une vraie pénurie de logements à la location»

Depuis des mois déjà, Bordeaux ressort des différentes études immobilières comme la ville où les prix grimpent le plus rapidement (+15,6% en un an selon MeilleursAgents!) et où la surchauffe est un véritable risque. Les habitants et étudiants ont de plus en plus de mal à se loger au meilleur prix ou à se loger tout court. C’est dans cet esprit que s’est développée cette semaine une vive polémique autour d’une série d’autocollants fleurissant en ville et portant comme slogan «Parisien rentre chez toi».

Dans cette ville particulièrement attractive, les Parisiens sont en effet accusés par certains d’attiser la hausse des prix en venant s’installer sur place avec un pouvoir d’achat supérieur aux habitants du cru. Le maire de la ville, Alain Juppé, a même dû monter au créneau pour éteindre l’incendie en indiquant qu’il envisageait de porter l’affaire en justice pour condamner ces agissements. Ce week-end, le Figaro immobilier revient sur la question avec Daniel Seignat, président de l’Unis Aquitaine (Union des syndicats de l’immobilier), qui analyse les maux touchant le marché immobilier de Bordeaux.
Le Figaro. – Votre syndicat a tiré la sonnette d’alarme sur la pénurie de logements quelques jours avant le déclenchement de la polémique pariso-bordelaise. À quand remontent les premiers signaux d’alerte?

Daniel Seignat.- Depuis l’année dernière, nous notons une chute forte des préavis reçus des locataires et le phénomène s’amplifie cette année avec un recul de 15 à 18% voire de 40% dans l’hypercentre. La situation a commencé à devenir dramatique quand dès le début de l’été plus aucun professionnel n’avait quoi que ce soit à louer alors que c’est normalement le cas à partir d’octobre ou de novembre. Les universités estiment que 3000 étudiants ne sont toujours pas logés.
Les Parisiens ont-ils une part de responsabilité dans cette situation? Sont-ils vraiment plus présents que par le passé?
D. S. C’est une certitude, selon nos adhérents, les acquéreurs parisiens sont bien plus présents que par le passé. Mais c’est surtout le résultat de l’attractivité de Bordeaux. Accuser les Parisiens de tous les maux est une conclusion très restrictive. La vraie question à se poser, c’est quelle utilisation est faite des logements, quels sont ceux qui sortent du circuit locatif classique?
Des études montrent que les investissements locatifs progressent fortement à Bordeaux. Les acheteurs se tournent-ils vers la location touristique de courte durée?

D. S. Il y a effectivement une forte demande pour des pied-à-terre qui peuvent être loués sur Airbnb quand leur propriétaire n’est pas sur place. Entre la rentabilité et la fiscalité des locations traditionnelles, l’hypercentre de Bordeaux est en train de s’Airbnbiser rapidement comme c’est le cas de certains quartiers parisiens. Bordeaux est d’ailleurs la ville française la plus demandée sur ce site derrière Paris.

Que suggérez-vous pour mettre fin à cette pénurie?
D.S. Il faudrait d’abord réduire le nombre de jours autorisés à la location pour ces logements touristiques, comme Paris envisage de le faire. Plutôt que les 120 jours actuels, il serait plus logique de se rapprocher de 5 à 6 semaines par an, la durée des congés annuels. Par ailleurs, nous remarquons que les sous-locations illégales sont de plus en plus fréquentes. Les locataires ayant peur de quitter leur logement pour relouer plus cher en suite, ils ont pris l’habitude de sous-louer leur logement parfois sur de longues périodes. Il faudrait que les pouvoirs publics renforcent leurs contrôles en la matière.

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